L’Organisation du Traité d’Atlantique Nord constitue une alliance des pays d’Europe et d’Amérique du Nord. Cette association de nations s’emploie à promouvoir les valeurs démocratiques et à garantir la liberté et la sécurité de ses membres par des moyens diplomatiques et militaires. Elle apparaît après la fin de la Seconde Guerre mondiale pour préserver la paix et faire face au camp soviétique. L’OTAN devait être démantelée après la chute de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Mais elle s’est étendue à de nombreuses contrées depuis, jusqu’à titiller de près des pays limitrophes avec la Russie. Après l’effondrement du bloc de l’Est, les nations occidentales ont eu la possibilité de financer une URSS ruinée pour que Gorbatchev y installe des régimes démocratiques durables. Mais elles n’ont pas accédé à cette requête. Elles ont perçu l’unification des populations d’Europe de l’Est comme un outsider prêt à disputer leur influence hégémonique sur le monde. Les hostilités menées en Ukraine par la Russie peuvent être estimées criminelles, dramatiques et illégitimes. Cependant, il ne faut pas passer sous silence les dommages conséquents que l’Europe et les États-Unis en tête, sous couvert de l’OTAN, ont perpétré à l’encontre de nombreux peuples depuis la Seconde Guerre mondiale. Leurs ingérences dans de multiples conflits ont engendré des exactions sanguinaires avec à la clé des millions de morts et des instabilités politiques chroniques : Algérie, Vietnam, Chili, Guatemala, ex-Yougoslavie, Irak, Afghanistan, Iran, Libye, Syrie. Et j’en oublie.
Poutine, ex-agent du KGB, a été traumatisé par la chute de l’URSS, vécue comme une humiliation. Il se sent menacé par l’OTAN qui englobe maintenant des contrées flirtant avec les frontières de son immense Mère Patrie et de ses cent-cinquante millions d’enfants. Il aimerait rétablir la Grande Russie des Tsars. De plus, il a habilement étendu sa zone d’influence dans le Caucase, au Moyen-Orient et dans de nombreux pays africains. Il fournit de l’équipement et des instructeurs militaires aux régions concernées que ses troupes occupent parfois pour assurer leur sécurité et obtient en contrepartie l’accès à leurs richesses et ressources minières. En agissant ainsi, ce véritable chef de gang assomme l’implication géopolitique et enraye le prestige mémorable des nations occidentales. Cet homme paranoïaque, déterminé, sans scrupules, souhaite marquer l’Histoire de son empreinte. Il utilise la peur envers ses opposants et se montre extrêmement dangereux. Il a horreur des démocraties et de la liberté que représente le modèle occidental. Un sentiment paradoxal puisque ses enfants et ceux de ses proches vivent et étudient en Europe et aux États-Unis. Dans ses discours, il insiste sur l’importance de la famille, du cercle privé de chaque individu et de la Patrie pour que les Russes ne s’intéressent pas à sa politique et lui laissent le champ libre. Il a enrichi les oligarques et leur a permis de continuer leurs business à condition qu’ils ne s’impliquent pas dans les affaires d’État. De puissants industriels réfractaires à sa doctrine dictatoriale se sont exilés ou ont été emprisonnés. Il a placé aux commandes ses plus fidèles compagnons avec qui il partage les gains.
Pour Poutine, déclarer la guerre à l’Ukraine constitue aussi un moyen de faire oublier sa mauvaise gestion de la Russie et la précarité de son peuple. Il s’agit, selon lui, « d’une opération militaire destinée à dénazifier l’Ukraine», alors qu’un processus sain et démocratique s’est installé au sein de cette nation, en mai 2019. De plus, elle comporte proportionnellement moins de groupuscules d’extrême droite qu’au pays des tsars. La censure, la propagande, la terreur se sont imposées en Russie et se renforcent depuis le début du conflit. Les informations, les réseaux sociaux sont contrôlés. Le peuple réagit différemment. Dans les villes, grâce aux moyens de communication, certains ont conscience des méandres de la dictature et ont la possibilité de s’exiler. D’autres manifestent leur dégoût, leur honte, leur colère, leur frustration et sont emprisonnés. D’autres encore restent silencieux pour ne pas provoquer les foudres du pouvoir en place. Une partie de la population, surtout dans les campagnes, désinformée, se retrouve acquise à la cause de Poutine. Elle semble fière de l’homme providentiel qu’il symbolise et de son ambition de restaurer la Grande Russie. Le peuple russe a systématiquement côtoyé des régimes dictatoriaux et s’en est toujours bien accommodé. Il reste prêt à faire face à des disettes économiques et à survivre par respect et solidarité avec leur chef suprême et son syndicat mafieux.
La République d’Ukraine compte plus de quarante millions d’habitants et possède une superficie semblable à celle de la France. La langue officielle ukrainienne s’avère pratiquée par la majorité de la population et le russe par une minorité. Le versant ouest davantage rural se retrouve plus ukrainophone alors que l’est et le sud, industriels, se révèlent plus russophones. La division linguistique comme de supposés clivages ethniques n’expliquent pas l’avènement d’un tel conflit. Le poids des oligarques y reste considérable et la corruption fortement implantée. En 2014, les élections sont remportées par le camp des conservateurs soutenus par Moscou qui abandonne un projet d’accord avec l’Union européenne. Cela engendre la «révolte de Maidan», un mouvement populaire anticorruption. En ces temps troubles, les forces spéciales russes prennent le contrôle de la Crimée au mois de février de cette même année. Le conflit russo-ukrainien commence avec l’annexion de cette péninsule. En effet, ce territoire, occupé par des miliciens «pro-russes» et des troupes de l'armée fédérale russe,connaît un référendum douteux acquis à la cause de Poutine. De nombreux pays s’opposent au Grand Ours sibérien, l’accusant de violer le droit international et la souveraineté de l’Ukraine. Après ce basculement, le Donbass, région située à l’est de l’Ukraine, frontalière avec la Russie, bassin minier, métallurgique s’est enflammé. En avril 2014, des milices locales, avec l’appui des forces spéciales russes, tentent de s’emparer de ces zones stratégiques. Cette prise d’initiative se conclut par un cuisant échec, notamment dans la grande ville de Kharkiv. Malgré tout, les séparatistes pro-russes de Donetsk et de Lougansk, soutenus par Moscou, accaparent les bâtiments gouvernementaux et créent deux «Républiques populaires».
Depuis, ils combattent l’armée régulière ukrainienne. La Biélorussie, elle, récent théâtre d’une révolte citoyenne infructueuse et réprimée, incarne un allié de poids et constitue un vassal du seigneur poutiniste. Ainsi, l’invasion de l’Ukraine par la Russie s’est déclenchée par le biais de trois pôles : au nord par la Biélorussie, au sud par la Crimée et à l’est par le Donbass. Depuis fin février 2022 et le début de l'invasion russe en Ukraine, l’armée russe sème mort et désolation sur son passage, n’hésitant pas à tuer des civils.
Ukrainiens et russes restent historiquement frères ou cousins. Les Ukrainiens font preuve de courage. Ils relatent médiatiquement les crimes russes et leur valeureux président Volodymyr Zelensky tient bon. De nombreux pays leur envoient armes et denrées alimentaires. Poutine pensait à une victoire acquise aisément. Il n’avait pas prévu une telle résistance. Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée, des milliers d’Ukrainiens se sont préparés, entraînés, formés pour répondre à une éventuelle attaque russe. Les unités ukrainiennes se sont aussi accrues grâce à l’arrivée de volontaires du monde entier. Le cortège russe avance au ralenti. Les besoins de logistique (nourriture, essence) pour les troupes au sol s’avèrent de plus en plus compliqués à contenter. C’est pourquoi Poutine risque de privilégier les bombardements massifs. Après avoir déserté le nord de Kiev, la capitale, les forces militaires russes semblent se concentrer sur les régions situées au sud et à l’est de l’Ukraine, notamment au Donbass. L’issue de cette lutte reste incertaine. Mais à long terme, des foyers de combattants ukrainiens continueront à semer le trouble. Poutine s’est peut-être engagé dans un bourbier qui le fragilisera, dans une impasse qui l’affectera, bien qu’il ré-écrira toujours l’histoire en sa faveur pour la métamorphoser en un récit, un roman à son honneur.
Le président Emmanuel Macron a très bien réagi par rapport à l’invasion russe en Ukraine et dans la position qu’il a adoptée vis-à-vis de Poutine. En effet, il privilégie le dialogue, n’hésite pas à réprimer économiquement le pays des Tsars, fournit du matériel humanitaire et de l’armement aux Ukrainiens assiégés. Il cherche à fraterniser avec le peuple russe qui ne représente pas un ennemi. Il évite à tout prix une confrontation militaire directe avec la Russie qui pourrait nous mener vers une troisième guerre mondiale. Cet affrontement a permis aux pays européens de se souder. La majorité des nations de la planète condamnent l’action de Poutine. Elles ont choisi de lui faire subir des sanctions financières, culturelles, médiatiques et sportives. Chacun des États européens s’est rendu compte qu’il devait accorder davantage d’importance à ses moyens de défense. Ils accueillent tous les réfugiés ukrainiens et les opposants russes. Les forces militaires de l’OTAN s’amassent peu à peu au sein des périmètres frontaliers de l’Ukraine et du nord-ouest de la Russie : Norvège, Finlande, pays Baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie), Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie et Moldavie. Elles souhaitent dissuader Poutine de prolonger le conflit vers l’ouest