Une partie extraite de mon livre « SOS Éveil ».

À sa mesure, l’ancien président de l’Uruguay, José Alberto Mujica Cordano, surnommé Pépé Mujica, est l’acteur-témoin que des solutions plus humaines et alternatives existent à l’échelle diplomatique. Lors de son voyage sud-américain, ma sœur Louise, séduite par la simplicité de son mode de vie et l’humanisme de ses valeurs, l’a d’ailleurs rencontré chez lui, dans sa ferme.
 
Historique
Né à Montevideo, le 20 mai 1935, José Mujica s'engage d'abord politiquement aux côtés d'anarchistes et d'autres activistes sociaux. Il est proche, à la fin des années 1950, du sénateur Enrique Erro, fondateur de l'Union populaire (coalition politique de la gauche urugayenne) en 1962.
Il devient ensuite l'un des dirigeants de la guérilla des Tupamaros, active dans les années 1960-1970. Selon lui, la fondation de ce groupe armé est destinée à l'origine autant à se défendre contre les agressions de groupes d'extrême droite qu'à appuyer les mouvements sociaux. Cela se manifeste par les luttes des cañeros, les travailleurs agricoles de Bella Unión, organisés en syndicats avec l'aide de Raúl Sendic, qui devient plus tard la figure emblématique des Tupamaros. En octobre 1969, le jour de la commémoration de la mort de Che Guevara il participe à la prise de Pando. Arrêté par la suite, il s'évade avec plus d'une centaine de prisonniers politiques de la prison de Punta Carretas le 6 septembre 1971, en pleine campagne électorale, avant d'être à nouveau arrêté. Emprisonné une autre fois, il s'évade à nouveau avant d'être définitivement incarcéré sous le gouvernement de Juan María Bordaberry.
Sous la dictature militaire (1973-1985), il est fait prisonnier (otage de la junte) et détenu dans des conditions sordides (deux ans au fond d’un puits). Avec d'autres dirigeants des Tupamaros il est alors continuellement torturé et menacé d'exécution par les militaires au cas où les Tupamaros décideraient d'agir contre la dictature. Les otages sont transférés de caserne en caserne pendant toute la durée de la dictature. Mujica restant ainsi aux côtés de Fernández Huidobro et Mauricio Rosencof, avec qui il communique en tapant sur les parois.
Durant sa lutte avec les Tupamaros, on lui a tiré dessus à six reprises et il a passé quatorze ans en prison. Détenu dans des conditions spartiates et souvent à l’isolement, il a finalement été libéré et amnistié en 1985 lorsque l’Uruguay a renoué avec la démocratie. Il abandonne alors la lutte armée pour s'engager dans la voie électorale, en cofondant le Mouvement de participation populaire (MPP), qu'il dirige, tout en restant membre de la direction collective du Mouvement de libération nationale - Tupamaros (MLN-T). Le MPP, composé du MLN-T et d'autres partis, devient progressivement la principale composante du Frente Amplio (Front large), la coalition de gauche qui s'oppose aux deux partis traditionnels, le Parti blanco et le Parti colorado.
En 1994, il est élu député sur la liste 609 (qui regroupe plusieurs groupes autour du MPP), puis sénateur en 1999. Dans le privé, Mujica vend des fleurs avec sa femme, Lucía Topolansky. Son langage populaire, faisant appel à des métaphores issues de l'imaginaire gaucho, ainsi que ses capacités de négociation contribuent à l'imposer sur la scène politique. À la fin des années 1990, il est élu président du Congrès uruguayen.
Réélu sénateur en 2004 (liste 609), il est nommé ministre de l’Agriculture du gouvernement de gauche (Frente Amplio) du président Tabaré Vázquez. Mujica est accompagné dans cette tâche par le vice-ministre Ernesto Agazzi, ingénieur agronome chevronné et également ex-guérillero Tupamaro. Il est reconduit en septembre 2006 à la direction collégiale du MPP, obtenant 90 % des votes. En 2007, il échoue à faire admettre par le Congrès du Front large la candidature de Constanza Moreira comme présidente. À l'occasion d'un remaniement ministériel, Vázquez le fait démissionner de son poste le 3 mars 2008. Il redevient alors sénateur, sans annoncer ouvertement sa candidature. Il rend toutefois visite aux chefs d'État voisins : s'il n'est pas alors véritablement considéré comme présidentiable en Uruguay, les autres présidents américains le considèrent comme tel. En août 2008, il rend visite au candidat blanco Jorge Larrañaga. Ce rapprochement suscite l'agacement de l’électorat blanco de voir leur candidat dialoguer avec un ex-guérillero.
Le 14 décembre 2008, il est investi comme « candidat officiel » du Front large pour les prochaines élections primaires au sein de la coalition de gauche.
Il démissionne en mai 2009 du MPP et remporte l'investiture du Frente Amplio le 29 juin 2009 pour être candidat à l'élection présidentielle. Élu à la tête de l’Uruguay du 1er mars 2010 au 1er mars 2015, en pleine crise financière transnationale, il ressemble à un « objet voltigeant non identifié » par rapport à ses homologues dirigeants de la planète bleue. Il a choisi de rester en phase avec son électorat. Des membres de tous les secteurs du Front large sont nommés au gouvernement
 
Couronnement présidentiel
Exit le luxueux palais de Montevideo, José Mujica vit dans un domaine agricole en campagne, en compagnie de son épouse. Tous deux cultivent eux-mêmes la terre pour le commerce des fleurs. Ce mode de vie austère et le don de 90 % de son salaire d’environ 9400 € à des associations de bienfaisance ont fait de lui le chef d’État le plus pauvre au monde, rapporte la BBC. Ce qui lui reste pour vivre équivaut au revenu moyen en Uruguay, soit 680 €. Il a également annoncé qu’il ne voulait pas de dépenses somptuaires pour son intronisation au pouvoir. Cet ancien prisonnier ne désirait pas de défilé militaire, mais seulement un orchestre. Les festivités se sont déroulées à l’air libre et non, comme l’impose la tradition, sous les ornements dorés de l’habituel palais du gouvernement. Déjà, en 1999, fraîchement élu au Sénat, José Mujica, dit « Pepe Mujica » avait convaincu les membres de son groupe politique, le Mouvement de participation populaire (MPP), de suivre son exemple en allouant la presque totalité de leur traitement à des fonds destinés à réaliser du microcrédit pour les plus démunis. Son engagement va encore beaucoup plus loin : lors de la vague de froid que subit le pays en juin 2012, il inscrit immédiatement la résidence présidentielle sur la liste des refuges pour les sans-abris.
« On m’appelle le président le plus pauvre, mais je ne me sens pas pauvre. Les pauvres sont ceux qui ne travaillent que pour essayer de garder un train de vie dispendieux, et en veulent toujours plus », affirme-t-il. « C’est une question de liberté. Si vous n’avez pas beaucoup de biens, alors vous n’avez pas besoin de travailler toute votre vie comme un esclave pour les garder, et donc vous avez plus de temps pour vous-même », conclut-il.
 
Politique économique, fiscale
En termes généraux, il s'inscrit dans la continuité de la politique de la mandature précédente. Selon le sociologue Denis Merklen, lorsque José Mujica rend le pouvoir à son successeur, l'Uruguay est à nouveau « champion de l'Amérique latine en matière sociale. En décembre 2013, le chômage représente 6,3 % de la population active. L'emploi non déclaré concerne seulement 16 % des salariés. La pauvreté passe de 40 % en 2005 à 11,5 % de la population et elle est inférieure à 3 % dans les zones rurales. L'indigence touche 0,5 % des personnes. Sur la totalité de ces indicateurs, l'Uruguay est alors le pays le mieux placé de l'Amérique latine. » Le salaire minimum est rehaussé de 250%. Dans aucun autre pays du continent le plus inégalitaire du monde, le quintile le plus pauvre a une si haute participation dans le revenu national, ni le quintile le plus riche a une part « si » faible.
Deux autres initiatives politiques doivent être mentionnées : les politiques de redistribution des terres et la promotion des entreprises coopératives. Ces programmes visent à réduire le dépeuplement du pays en inscrivant la population dans des engagements locaux.
Il soutient par ailleurs le renforcement des syndicats. D'après la Confédération syndicale internationale, l'Uruguay est devenu le pays le plus avancé d’Amérique en matière de respect « des droits fondamentaux du travail, en particulier la liberté syndicale, le droit à la négociation collective et le droit de grève ».
En mai 2010, il entreprend un projet de loi visant à limiter le secret bancaire, et donc l’évasion fiscale. Selon la Banque centrale de l’Uruguay, près de 18 % des dépôts appartiendraient à des non-résidents, soit 2 500 millions de dollars, détenus pour la plupart par des Argentins. La loi est votée par les 2 chambres du parlement uruguayen en décembre 2010. Il s’agit de la plus importante loi en matière fiscale depuis celle de 2007 qui avait institué l'impôt sur le revenu.
Investissements industriels
«… l’Uruguay a suivi une stratégie visant à promouvoir les investissements et à diversifier les exportations, tant sur le plan des marchés, tournés davantage vers l’Asie et moins l’Argentine et le Brésil, que sur le plan des produits exportés, visant à réduire la proportion des exportations agricoles sans valeur ajoutée. C’est une décision cruciale pour un pays jadis dépendant de son commerce avec l’Europe puis avec l’Argentine et le Brésil, qui représentaient jusqu’à une date récente la moitié de son commerce extérieur. Plus important encore, pendant les dix années de son gouvernement, la gauche a activement cherché à favoriser la création d’emplois et d’infrastructures modernes dans les domaines des transports et des installations portuaires mais aussi dans la diversification des sources d’énergie. Ce dynamisme s’est reflété dans l’inversion des flux migratoires : depuis 2010, l’Uruguay n’est plus un pays d’exode….
Ainsi, le gouvernement a opté pour une série d’investissements sous la forme d’usines liées à l’économie d’extraction et l’exportation de matières premières car ils sont corrélés à la construction de ports qui, le gouvernement l’espère, donneront un avantage d’intégration régionale au pays. Les usines de pâte à papier et les mines de fer sont associées à la construction de ports dans le littoral atlantique ou sur le fleuve Uruguay. Le complexe minier « Aratirí » de la compagnie multinationale Zamin Ferrous (Grande-Bretagne et Suisse) est actuellement en cours d’évaluation. Avec un investissement de 3 milliards de dollars, l’Uruguay deviendrait le huitième producteur mondial de minerai de fer pour la production d’acier, et serait doté du plus important port en eaux profondes de l’Amérique du Sud. C’est ce dernier volet du projet qui intéresse le gouvernement, ce qui a amené le président Mujica à déclarer que la construction de ce port situé à l’Est du pays, sur l’Océan Atlantique, était « la décision de politique étrangère la plus importante de [son] gouvernement » (El Observador, 04 juillet 2012).
L’Uruguay espère ainsi rendre son littoral attractif aux exportations brésiliennes et argentines ainsi que paraguayennes et même du Sud de la Bolivie. Un enjeu qui pourrait lui donner la possibilité de reconstruire ses chemins de fer – un investissement sinon impossible pour un État si faiblement peuplé – et de s’ériger comme une des portes de sortie du Mercosur (Marché commun des pays d’Amérique du Sud)… Dans le cadre d’une augmentation spectaculaire de la consommation d’énergie (la consommation industrielle a été multipliée par 2 entre 2007 et 2011), la compagnie publique UTE a amené la production d’électricité d’origine éolienne à près de 30% du total en 2011, quand elle était quasiment inexistante (moins de 1 %) en 2003 (MVOTMA, Ministère de l'Habitat, de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, 2012). Avec cette même visée de la diversification des sources d’énergie, la compagnie de combustibles (ANCAP) et celle de l’électricité (UTE) ont initié la construction d’une usine de regazéification à l’Est de Montevideo pour un investissement total de 1,12 milliard de dollars.
L’Uruguay décide ainsi d’introduire le gaz naturel à grande échelle, ressource dont le pays était privé jusqu’ici. Cette usine de regazéification est installée en mer, dans l’estuaire du Rio de la Plata ce qui nécessite aussi la construction d’un port. Avec la modernisation du port de Montevideo, ces grands projets d’investissement visent à sortir l’Uruguay des formes de dépendance qui ont enfermé son économie par un élargissement de sa base économique et par une intégration physique de son territoire au sein du Mercosur à travers le bassin du Rio de la Plata… », extrait de l’article José Mujica. Un homme politique au pouvoir, écrit par Denis Merklen, en 2014
 
Avancées sociétales
En octobre 2012, le Parlement vote la légalisation de l’avortement dans un pays profondément catholique. Contrairement à son prédécesseur, qui avait mis son veto, Mujica fait avaliser la mesure.
En avril 2013, les représentants approuvent définitivement un dispositif ouvrant le mariage aux couples de même sexe.
Le 6 mai 2014, Mujica signe une loi légalisant le cannabis et régule toute sa chaîne de production sous l’autorité de l’État. Par la même occasion, il réduit l’impact des narcotrafiquants, dans ce petit pays de trois millions d’habitants.
Fait notable, l’élection de José Mujica en 2010 a toutefois été marquée par deux défaites de la gauche lors des référendums sur l’amnistie et sur le droit de vote des Uruguayens à l’étranger. Ces circonstances ont provoqué des tensions entre la gauche politique et ses soutiens dans les mouvements sociaux, les milieux associatifs et culturels.
 
Politique étrangère                                                                                                                    
«…
Mujica a très vite explicité sa conception de la politique étrangère dans le cadre d’une nouvelle conjoncture internationale, qui modifie la carte de l’Amérique. De son point de vue, « le Brésil est un continent, et il le sera davantage s’il prend sa responsabilité historique de leadership sans écraser. Et comme le gouvernement actuel du Brésil est franchement républicain, je pense qu’il va assumer cette tâche qu’il a devant lui. Et nous les petits, nous aurons l’indépendance de la lui rappeler à tout moment. Parfois, être petit a ses avantages car on peut dire avec clarté ce qu’on pense. Nous devons aider le Brésil dans cette tâche ». Pour Mujica, il est clair que « les dimensions et les défis que le Brésil a devant lui le conduisent inévitablement à devenir un grand acteur de la scène mondiale. Cet acteur a besoin d’un support et ce support c’est l’ensemble des pays latino-américains qui l’accompagnent à travers l’UNASUR (Union des nations sud-américaines)… », extrait de l’article José Mujica. Un homme politique au pouvoir, écrit par Denis Merklen, en 2014
 
Politique intérieure
«… Sur le plan intérieur, José Mujica ne bénéficie pas cependant d’une si grande réputation. Ce n’est plus le cadre international où il apparaît simplement comme une voix. À l’intérieur des frontières, il gouverne, prend des décisions, fait des choix et des déclarations qui heurtent certaines catégories sociales et certains groupes politiques, dont les fonctionnaires, par exemple. Anarchiste de formation, Mujica n’a jamais cessé de se méfier de l’État qu’il voit comme une bureaucratie, comme un organisme qui se situe aux antipodes de sa conception de la politique. Il admet que dans les conditions actuelles du capitalisme, l’État est la seule structure capable de faire face aux aspects les plus dévastateurs de l’intérêt économique. Mais il pense aussi que, nichée au sein de l’État, la politique se corrompt et perd son âme. Alors José Mujica le dit, le répète et insiste, choquant à la fois syndicats et fonctionnaires mais aussi la plupart des autres membres de la gauche qui au sein du Frente Amplio ne partagent pas sa pensée… », extrait de l’article José Mujica. Un homme politique au pouvoir, écrit par Denis Merklen, en 2014
«… Le même conflit se présente avec une certaine manière de vivre la profession d’intellectuel [Dansilio, 2014, p. 87-116]. Cela faisait des décennies, au moins depuis les années 1970, que chercheurs, enseignants, étudiants, journalistes et artistes ne bénéficiaient pas d’un espace institutionnel et d’une situation économique équivalente à celle qui est la leur aujourd’hui. Cependant, Mujica a, à plusieurs reprises, offensé ces catégories par des déclarations qui les renvoient vers ce qu’il conviendrait d’appeler leur côté petit-bourgeois. Mujica veut un monde intellectuel connecté avec le monde de la production et par-dessus tout, des intellectuels qui ne se désolidarisent pas du sort de ceux qui n’ont pas mené de longues études, dont la vie est souvent limitée à un travail manuel ou répétitif. Comme le reste des gauches latino-américaines, la gauche uruguayenne a, elle aussi, favorisé la formation d’une classe moyenne à la fois jeune et progressiste, les yeux rivés vers un avenir que ses membres perçoivent mondialisé. Cette jeunesse-là ne se reconnaît que partiellement dans ce dirigeant dont elle sent une certaine pudeur à chaque fois qu’il s’exprime et se comporte comme un vieil homme du peuple. Ainsi, Mujica fait l’objet de fréquentes moqueries dans les réseaux sociaux. Au début des années 2000, sa critique de la politique traditionnelle avait su gagner la sympathie d’une jeunesse qui voyait en lui celui qui serait capable de rendre visible le caractère désuet et arriéré des élites politiques du pays. Mais aujourd’hui le président Mujica a probablement perdu en partie cette aura auprès des classes moyennes jeunes et diplômées de Montevideo… », extrait de l’article José Mujica. Un homme politique au pouvoir, écrit par Denis Merklen, en 2014

Conclusion                                                                                                                              
Pepe Mujica a prolongé et approfondi la politique de son prédécesseur Tabaré Vázquez. Il a su rester sobre dans sa relation au pouvoir, à l’écoute des besoins de ses citoyens et conscient de ceux de sa nation. Sa politique fiscale, économique, ses nombreux investissements, ses avancées sociétales, sa politique étrangère peuvent l’attester. Certains dénonceront son passé criminel au sein des Tupamaros. D’autres verront dans son parcours atypique une résistance farouche et libertaire dédiée aux oubliés. La droite la plus réactionnaire et néo-libérale lui reprochera ses décisions progressistes et sa régulation de l’économie. La gauche la plus intellectuelle et embourgeoisée pointera du doigt son manque d’interventionnisme d’État. Pepe Mujica ne plaît guère à tout le monde. Et il est plutôt de bon augure que de ne pas être apprécié par des esprits renfermés derrière leur tour dorée, manquant de nuances ! La Constitution de son pays ne prévoyant qu’un quinquennat, Pepe Mujica ne se représente pas. Il quitte son poste de président le 1er mars 2015, en laissant l'économie du pays relativement en bonne santé, et avec une stabilité sociale meilleure que celle des pays voisins. À l'âge de 89 ans et atteint d'un cancer de l'œsophage contre lequel il lutte depuis avril 2024, il donne une longue interview au New York Times en août 2024, dans laquelle il expose sa philosophie pour une vie heureuse et dénonce la dictature du marché qui entraîne l'humanité dans une course insatiable à la consommation.