En 1991, le rêve d'une URSS démocrate, sociale, où les libertés individuelles sont respectées s'écroule. L'avènement d'une indépendance plus prononcée des pays satellites soviétiques, et d'une solidarité entre eux, dans une Europe de l'est unie, n'est plus. Peut-être que cette destinée-là, comme Gorbatchev, vous l'auriez souhaité.
Et, un certain Boris Eltsine profitera de la faiblesse politique de son ennemi juré, pour précipiter l'effondrement du bloc soviétique et de ses sociales utopies. On ne peut réduire cet état de fait au simple affrontement Eltsine/Gorbatchev.
Les puissances occidentales n'ont pas souhaité donner au président de l'URSS les moyens de réussir ses réformes révolutionnaires d'alors, orientées autour de la Perestroïka, et de la Glasnots, avec en point de mire la tentative d'un marxisme capitaliste. Elles ont scellé, par la même occasion, le destin de Catherine La Grande de Russie. Les intentions des pays occidentaux, France, Allemagne, Angleterre, États-Unis en tête, s’affirment sans honneur, ni bon sens, ni fierté. Ces nations ont choisi de se débarrasser d’un Gorbatchev souhaitant bâtir une démocratie sociale et fédérale, dans une URSS qui aurait pu gagner en puissance tant matérielle que spirituelle. Ainsi, par cette voie entreprise, les gagnants de la guerre froide obtiennent un contrôle plus facile de la nation de Dostoïevski. Cette dernière se renferme depuis sur elle-même et perd en influence géopolitique dans le monde. Les acteurs politiques se permettent aujourd'hui de dénoncer la tyrannie des dirigeants russes à l'encontre de son peuple. De plus, ils osent s'insurger contre l'annexion par la Russie de la région ukrainienne de Crimée, et de l’invasion russe en Ukraine. Quelles légitimités et pertinences disposent les puissances occidentales et leur bienséance pour oser condamner une dictature qu'elles ont eux-mêmes permise et souhaitée, dans le but de pouvoir mieux contrôler le paysage russe, au début des années 90 ? Un signe d'oubli géopolitique, un désaveu de la réalité historique récente et de ses éléments majeurs, lancés à l'encontre de tous les russes, de tous les ukrainiens, de tous les européens, de tous les américains.
La dictature d'Eltsine dure jusqu'à la fin des années 90. Au début des années 2000, Vladimir Poutine prend les rênes de la nation russe. Il reste dans la lignée politique d'un Eltsine, dans une configuration de régime tyrannique, mais y ajoute un surplus de torpeur et une image des plus sombre, relayée par une information et une médiatisation propagandistes encore plus présentes. Surtout en comparaison à l'amateur journalier de vodka qu'était Boris, lui octroyant un visage des plus joyeusement sympathiques. Tous deux ont néanmoins un grand point commun. Des requins n’hésitant pas, dès qu'ils en ont la possibilité, à expulser tous ceux qui se dressent sur leur chemin. Vladimir Poutine, ancien agent des renseignements rouges couleur sang, mène une politique dictatoriale, refermant ses frontières, et renfermant son peuple dans ce bol ultra contrôlé. La Russie devient un espace où les libertés individuelles se font rares, puisque la répression fait rage dès lors qu'on remet en cause, qu'on s'oppose aux planifications du pouvoir.
Cela engendre, avec une déconcertante facilité, la naissance et la consolidation d’un État policier au pouvoir avec pour armes, censures, bourrages de crâne, censure médiatique, arrestations et emprisonnements. Des mises à feu, des mises en garde s’opèrent à l’encontre de toute âme prônant son désaccord avec l’ordre établi poutinesque, qu’elles soient journalistiques, associatives, politiciennes, artistiques, activistes. La tension et la torpeur règnent dans le paysage russe et se propagent à l’intérieur de ses frontières. Le renouveau de la religion chrétienne orthodoxe, illustrée par ses baptêmes et affluences massives dans ses Églises, confère la gérance de ce pays d’une main de fer, d’un contrôle permanent de son atmosphère. Les discours des figures exemplaires de la société russe, incarnés par les politiciens au pouvoir et les hommes d'Église inspirent la xénophobie, et la prolifération de groupes d'extrême droites, fascistes, adulant Hitler.
Concrètement, cela s'illustre par le dénigrement, la délation, la torture et les blessures mentales en physiques menés contre les homosexuels, les supposés drogués ou petits consommateurs de drogue, les millions d'immigrés venant chercher du travail en Russie, et vivant des conditions d'insalubrité.
Ces groupuscules sont bien organisés, et le nombre de leurs membres et de leurs soutiens au sein même du peuple russe s'amplifie depuis quelques années. Aujourd'hui, ils ne se cachent plus, ils filment même leurs actes simplistes, antisémites, qu'ils diffusent quotidiennement sur internet, via youtube. Régulièrement, de petits groupes de frustrés, niaiseux se considèrent comme des justiciers, alors qu'ils ne sont pas en mesure de connaître la signification de ce terme. Ils se rendent dans des caves d'immeubles, dans des endroits à l'aménagement improvisé avec les moyens du bord par des immigrés, étrangers, fraîchement ou non débarqués en Russie pour y trouver une rémunération qu'ils ne pouvaient obtenir dans leur pays d'origine. Et, en totale connivence avec les autorités, ces groupuscules les délogent sans scrupules. Comme si leur action voulait légitime, comme si on leur donnait le droit de croire en cette vérité-là, qui les rassure certainement, et ils en usent comme des enfants. Qu'il s'agisse d’enfants, de femmes enceintes, de vieillards, rien ne les arrête. Les responsables de ces mouvements gonflent même leur rang avec des mineurs, en leur demandant, le soir venu, de s'en prendre à des personnes « indésirables », de les tabasser, pour qu'ils s'exilent de Russie. Ces dernières sont par la suite arrêtées, souvent pour des motifs erronés de non papier, ou possession de drogues. Ces âmes infantiles semant la peur, en cas de rares arrestation par la police, ne peuvent être jugés, n'étant pas majeurs. Eux, ils ont cette fierté, si pauvre, de croire que leurs agissements, consistant à épurer les immigrés, ne pourront qu'apporter un mieux-être à leur nation. Cela signifie qu'ils ne détiennent aucune connaissance du présent, ou curiosité historique. Ils sont instrumentalisés par la haine, par la terreur, et les non repères régnant dans la société russe. Et la police russe non seulement tolère, mais soutient, ouvertement, ou par son silence ces moutons abrutis. En effet, les âmes délogeant, réprimant, battant parfois à mort les êtres qu'ils jugent « anormaux » ne sont guère arrêtées, jugées, et condamnées. Ce sont les victimes de ces actes faciles, ignorant, déshonorant, qui sont appréhendés par les services de l'ordre. Ainsi, la justice russe ne s’exerce pas uniquement dans ses tribunaux corrompus. Elle prend vie dans la rue et chaque citoyen peut faire preuve d’actes violents ou antisémites La situation ne peut que gagner en horreur, puisque les dirigeants des institutions politiques, religieuses, et les oligarques alimentent cette situation, la cautionnent même pour la plupart d'entre eux.
Par conséquent, le héros du régime russe, de ce conte triste et amère ? Une notion se détache du système féodal mis en marche par l'ex agent soviétique du KGB, Vladimir Poutine, le contrôle.
Le contrôle des esprits constitue le meilleur moyen de rester au pouvoir, mais aussi de le prolonger et de le consolider. La stratégie mis en place consiste à obliger le peuple russe à s'attarder sur la luminosité de leur chef d'État, en développant un culte de sa personnalité, méthode bien connue sous les ères stalinienne et hitlérienne. Par conséquent, les médias relatent des images, des interviews, des récits dans lesquels Vladimir Poutine se met en scène, tel le protagoniste d’une nouvelle ère sous son emprise. On l'aperçoit dans les airs, piloter un avion, en mer, dirigeant un sous-marin, sur terre, participant à des danses traditionnelles russes, ou jouant au hockey sur glace... Son objectif repose sur la naissance de sentiments de sympathie, de courage, d'intelligence dans les yeux de ses citoyens. En somme, cette façade publicitaire garantit des signes de popularité au beau fixe, rassurant le peuple et assurant la poigne de Poutine et de ses proches collaborateurs au pouvoir. Ainsi, la majorité du peuple russe, conditionnée, privée de liberté ne dispose pas de moyens d’expression et de compréhension sur la dangerosité du conte qui leur est proposé. Et chacun sait et sent que remettre en cause la politique de Poutine peut engendrer des arrestations, des chantages, des ultimatums menaçants, des emprisonnements. Alors, à quoi bon pointer du doigt le régime russe quand on vit sur les terres de ce régime délétère ?
Le contrôle s’opère aussi par l'argent. Poutine et ses collaborateurs mettent tout en œuvre pour régner sur la planche à billets. Ils font en sorte que les oligarques privés russes s'engagent à devenir des oligarques au service de l'État. Pour ce faire, le gouvernement russe use et abuse de menaces de mort verbales, messagères puis physiquement mortelles. En d'autres termes, deux choix se distinguent pour ces richissimes hommes d'affaires-là : accepter le joug, la dominance de Poutine, ou bien s'exiler rapidement.
Et quand je vous évoque cet État russe policier, pour qu’il fonctionne, il lui faut des ennemis intérieurs et extérieurs.
Les ennemis intérieurs de la Russie sont tous ceux qui contestent la dictature de Poutine, et revendiquent leurs libertés. C'est à dire l'indépendance de la presse, des partis politiques, de la justice, de la création artistique.
Quant aux ennemis extérieurs, il s’agit de toutes les nations qui gênent ou gêneraient Poutine dans son souhait d'une grande et puissante Russie, et remettrait en cause les rouages de son règne de torpeur.
En termes de géopolitique, Poutine utilise ses immenses ressources gazières dont les oléoducs traversent l'Europe de l'ouest en passant par l'Asie centrale, l'Asie de l'est, et le développement de son arsenal militaire en nucléaire. Ainsi, il peut avancer ses pions sur l'échiquier mondial, et en faire un moyen de pression suffisant pour qu'on lui laisse un champ d'action libre.
Le pouvoir en Russie est une assiette au goût d'État policier, utilisant les rouages de contrôle communiste et fasciste, avec une bouteille aristocrate, vidée de la réalité du peuple, s'inspirant, s'identifiant à l'époque de l'Empire des tsars et tsarines.
Enfin, depuis 2006, nous avons assisté à la naissance des BRICS : un acronyme inventé par un économiste américain pour désigner le groupe initial de pays à revenu intermédiaire, Brésil, Russie, Inde et Chine, rejoint en 2010 par l'Afrique du Sud. Cette organisation gagne en puissance chaque année.