. Argument hydrologique. Les bassines déséquilibrent le cycle de l'eau. En ponctionnant l'eau des nappes phréatiques, elles assèchent les rivières et canaux environnants et bouleversent biodiversité et environnement.
 
. Argument humain. L'eau constitue un bien collectif et commun. Les bassines sont financées par l'État. Elles desservent pourtant des intérêts privés en autorisant l'accès de son eau à d'opulentes structures agricoles. Les petits paysans et les citoyens ne rentrent pas dans la balance.
 
Les êtres humains n'ont jamais été aussi nombreux sur Terre. Les écosystèmes n'ont jamais été aussi menacés. À ces données, s'ajoute la raréfaction d'une eau qui se privatise déjà dans certains pays, profitant prioritairement aux plus aisés. Dans les décennies et siècles à venir, l'or bleu risque de devenir une imposante source de conflits.
 
Le gouvernement devrait commencer par scruter le miroir indigent, déconnecté, reflétant ses inconséquentes actions. Incapacité de se soucier de l'intérêt général d'un peuple et d'une nation, faveurs et odes à la croissance économique synonyme d'auto-flagellation. Attisant colère, haine et exclusion, les discours sans nuances, les actes égocentrés, les attentats verbaux et policiers entrent dans la danse. Ce gouvernement néo-libéral, autoritariste, aux visions de court-terme, dénué de prise en compte citoyenne n'aurait jamais dû gouverner.
 
Les autorités ont employé les termes d'illégalité et de violence pour dénoncer les initiatives des manifestants à Sainte-Soline. Encore une fois, ces considérations manquent d'ancrage réaliste, de relativisation et de clairvoyance. D'une part, chacun, en France, est libre de manifester. D'autre part, lorsque des CRS sont dépêchés quelque part, vous assisterez à coup sûr à des heurs et échauffourées entre extrémistes à cagoules qui veulent en découdre et soldats à képi gonflés à l'adrénaline, alors que la majorité des manifestants reste pacifiste.
 
Par ailleurs, le gouvernement réprime la violence des déambulations frondeuses mais il apparaît très frileux lorsqu'il s'agit de condamner les violences policières. On peut donc se demander si les forces de l'ordre, à la solde du pouvoir politique, ont agi dans le cadre de la loi. Si tel n'est pas le cas, Dame justice doit définir si les services de sécurités outrepassant leur droit obéissaient à des directives gouvernementales ou non.
 
De plus, d'après les journalistes présents sur place et observateurs indépendants, les violences policières ont précédé celles des manifestants et les forces de l'ordre ont empêché et retardé la venue des secours médicaux. L'État ne peut occuper les fonctions de juge et bourreau à la fois. Or, les nombreux discours mensongers de certains protagonistes des affaires publiques annoncent un conflit d'intérêt, hélas, bien présent.
 
La casse et les affrontements entre policiers et manifestants profitent au gouvernement et affaiblissent les revendications des frondeurs. En effet, la violence freine la volonté des citoyens à se rendre sur les lieux des mobilisations. Et le gouvernement se sert de cette agitation agressive pour décrédibiliser les doléances et résistances portées par les contestataires.
 
Enfin, couper des bâches retenant l'eau, endommager des tuyaux, brûler des portraits à l'effigie d'hommes politiques ou médiatiques, entreprendre des manœuvres de sabotage symbolique ne met pas en danger la vie d'autrui à ce que je sache. Dès lors, il s'agit, selon moi, uniquement de désobéissance civile à travers laquelle s'expriment ras-le-bol, dégoût, résistance, désespoir et désarroi. Ce processus, plutôt sain au sein d'un système oligarchique s'autoproclamant démocratique, devrait être toléré par l’appareil d’État quand ce dernier dysfonctionne et ne s’inscrit pas dans l’intérêt collectif, humain et terrien.
 
Toutes ces distinctions s’avèrent essentielles à intégrer. Compte-tenu de ces observations, ces réalités, de ces faits avérés, je m'oppose tout naturellement à l'édification de ces méga-bassines. Il me semble injustifié et insensé de valider ces aménagements artificiels. Ne pas s'offusquer contre ce genre de projets, c'est laisser la bêtise, le clientélisme, l'individualisme perdurer, le fossé entre les citoyens se creuser et les écosystèmes se détériorer.
 
Généreusement vôtre,
Sobrement nôtre,
Pondérément leur.